En construction mes textes ne sont pas encore tous là

Tous les Poèmes Engagés

L'engagement particulier de l'artiste, c'est de descendre aux entrailles des choses et de rendre ex

L'engagement particulier de l'artiste, c'est de descendre aux entrailles des choses et de rendre ex
L'engagement particulier de l'artiste, c'est de descendre aux entrailles des choses et de rendre exactement ce qu'il a découvert. Roger Vailland

jeudi

La Marseillaise a une extinction de voix


Perdue dans les méandres de la ville recouverte d'une neige lourde
Sans abri
Sans direction
Sans nourriture
Sans véritable sommeil
Elle colporte une criarde misère
Serait-elle une bête sauvage
La faim crie dans son corps sage
Elle se couche le ventre vide
Au milieu de nulle part
Dans un parc sous un pont au bord du périphérique
Fermant les yeux épuisée elle ne souhaite rien d'autre que de dormir
Et de mourir dans la rue sous la neige

Une mort sourde où la neige rend l'ignominie esthétique

Blancheur poudreuse recouvrant comme la plus belle des mariées
Ses vêtements sans âge gris-jaune verdâtre à rayures horizontales
Mais une force toujours présente la redresse
Dans un désespoir dans son absolu désir de s'en sortir
Elle marche
Elle marche pour sauver sa vie malgré une infinie tristesse
Elle marche pour sauver sa peau malgré sa grande faiblesse

La violence et la sauvagerie la révoltent
Celles des hommes
Celles de la vie
Celles de sa vie sans doute
Celles de la mort
La vigueur de son instinct de survie
Acquise petite fille avec son père en Afrique dans le désert
La réconforte et l'enivre

Abandonnée là-bas

Abandonné ici un sachet «Mc Do» encore plein 
Où une odeur âpre et chaude s'évapore
Cette pauvre chaleur sans attrait lui débouche ses narines violettes
Elle se jette dessus comme une hyène affamée

Est-ce une providence
Ou un sachet balancé par une bourgeoise d'une fenêtre d'un «Sport Utility Vehicle»
Peu importe la connivence
Elle avale cette bouffe de cuisinier de sous-marin fantôme Américain

Tout en haletant pour souffler et faire une courte pause
Examinant d'un œil rouge perçant et avide tout l'alentour
Voulant garder ce trésor pour elle seule se méfiant des vautours
Aucune trace d'étoile dans le ciel
Il est minuit passé et un rat passe au-dessus d'elle
L'œil rouge perçant et avide reniflant tout l'alentour

Une fois terminé ce diner hors pair
Elle reprend inexorablement sans repères sa marche d'empereur déchu
Sa course sur la banquise contre le froid
Pour trouver un endroit
Un réconfort
Une bouche de métro
Elle démarche les pieds en feu dû à l'épuisement à tant d'efforts

Et d'étranges pensées lui trottent dans la tête
Tantôt à haute voix tantôt à voix basse
Elle engage avec elle-même une conversation
De folles conversations
Elle s'entretient avec le Président «du travailler plus pour finir sans rien»
Il lui répond avec une empathie politique

Et dans un dernier soupir sur le carton avant de s'évanouir
Au pied du mur de l'arc de triomphe
Après ses pensées monologues
Elle injurie la mort
Elle jubile d'elle même
Et dit bonne nuit à la première dame en chantant

« Ra ra ra ramène ta queue dans ton pantalon
Président tu as les couilles qui traînent
Et prend garde mon gamin
Il va falloir faire face à la putain »

Et la putain d'une voix suppliante et provocante
Ne parle qu'à ses petits seins et la clocharde se tue

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire